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Inauguration des Foudres HSE


Le 22 janvier 2010, les Foudres HSE ont été inaugurés par Édouard Glissant. Une plaque portant son nom a été apposée sur le mur d’entrée.


Faire des Foudres HSE un lieu de rencontres improbables (ce que Glissant définissait lui-même avec son inimitable sens de l’humour comme “un lieu commun”), dans lequel pourraient se confronter l‘imaginaire du monde et son corollaire, toutes les formes d’expressions humaines

Ce jour-là, José Hayot l’avait accueilli avec ce discours :

“Cher Édouard, mesdames et messieurs,

La circonstance qui nous unit aujourd’hui n’est pas du domaine de l’ordinaire ni du quotidien car si, mon cher Édouard Glissant, tu t’es souvent rendu dans ces lieux à titre amical, ta présence aujourd’hui revêt un caractère fortement symbolique.

Traversée par la rivière Lézarde, l’Habitation Saint-Étienne est à mi-chemin entre le morne Bezaudin qui te vit naître, et le Lamentin où tu grandis quelques années plus tard. Au moment de la descente vers la plaine, ta mère qui te portait dans ses bras, a certainement dû traverser ces lieux, entre ces vieux arbres qui ont beaucoup vécu et qui rayonnent, comme tu l’as si bien écrit, de “mystère et de magie”.

Quand, il y a 16 ans, avec Florette et l’ensemble de nos collaborateurs, nous nous sommes attachés à relancer la marque Saint-Étienne et à restaurer l’ancienne habitation alors à l’abandon, nous étions conscients de la lourde charge émotionnelle qui pesait sur ces lieux.

Pour beaucoup d’entre nous, ces lieux conservent les souvenirs d’un passé douloureux.

Pourtant, il nous est apparu qu’en ces mêmes lieux, sur ces anciennes fondations, pouvait s’écrire une histoire nouvelle. Nous croyons que le passé n’est pas donné une fois pour toute, qu’il se nourrit du présent, qu’il se transforme avec lui, et que c’est dans cette évolution constante qu’il nous offre du futur.

Dès le début, nous avons ouvert les portes de Saint-Étienne aux arts, à la poésie et à la musique.

Aujourd’hui, c’est ce chai (qui est l’un des plus anciens témoins de l’histoire de cette habitation — mémoire de pierre et de fermentations) que nous dédions aux artistes et aux créateurs.

Création de ce qu’il peut exister de plus subtil, de plus inattendu, de plus élégant dans un rhum quand il est réussi. Néanmoins, un tel lieu ne pouvait pas s’envisager en dehors de quelque chose qui lui donnerait une âme, qui l’habiterait d’une haute intention.

C’est pourquoi nous avons tenu à t’accueillir ici, cher Édouard. Et c’est pour nous tous, un immense honneur que tu aies accepté que ce lieu porte ton nom.

De Terre-Rouge, de Tracée, de Deux-Terres, de Bois-d’Inde, de Bois-Lézard, de Dumaine, de Glottin, du Morne-Calvaire, du Morne-des-Olives, du Gros-Morne, de Marigot, de Trinité, de Sainte-Marie, du Morne-des-Esses, du Robert, du Fonds-Saint-Denis, de Saint-Joseph… nous sommes tous là, venus partager avec toi ce moment où un lieu de mémoire se dote d’une belle âme et d’une grande exigence.

Nous sommes aussi venus pour te remercier de tout ce que tu as fait pour la Martinique et pour notre compréhension du monde.

Alors, cher Édouard, je sais que ce qu’il y a de plus difficile, c’est bien de rendre hommage à quelqu’un qui n’aime pas les hommages. De faire honneur à quelqu’un qui n’aime pas les honneurs.

Je ne prendrai donc pas ce risque. Mais te dirai simplement, au nom de tous ceux qui travaillent ici, au nom de Florette, au nom de nos enfants qui malheureusement n’ont pu être là aujourd’hui : merci.

Et que ton nom sur ces vieux foudres, mon cher Édouard, nous inspire le plus beau des nectars.”

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